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Message  Nokomis Mar 25 Jan - 20:05

Quelles sont les causes de l’addiction à l’autosabotage ?



Les recherches en matière de dépendance à l’autosabotage sont trop récentes pour donner une réponse définitive. Cependant, en me fondant sur ma propre expérience clinique et sur celle de confrères qui me l’ont témoigné, il y a des récurrences que j’ai pu constater.

Échec de l’attachement durant l’enfance

Chaque personne addict à l’autosabotage avec laquelle j’ai travaillé, possède des antécédents de liens affectifs non-sécurisants avec ses parents ou substituts parentaux. Un enfant sécure est aidé pour trouver un équilibre entre le contact (intimité) et l’exploration (autonomie).

Quand les parents sont incapables de fournir un lien sécurisant, l’enfant est obligé de choisir entre l’un et l’autre.

Une autre stratégie que l’enfant peut développer est de devenir « lié dans la distance » - ne pas s’impliquer avec le parent en étant très occupé ou éloigné.

Une autre stratégie est de s’accrocher au parent tout en exprimant de la colère indirecte, subtile, ambivalente, préoccupante ou résistante.

Dans le premier cas, l’enfant sacrifie l’intimité, dans l’autre, l’enfant sacrifie l’autonomie.

Les enfants avec des parents non-sécurisants ne se sentent pas en sécurité dans aucune des deux stratégies donc ils restent coincés entre des envies d’intimité et des envies d’autonomie. On peut appeler cela du lien désorganisé et désorienté.



Parents critiques, dans le jugement, colériques ou non-sécurisant

Stéphanie et Martin furent deux cibles, à travers l’enfance et au-delà, des critiques sans fins de 2 pères en colère.

La mère de Stéphanie, Éloïse, était dans la peur, beaucoup trop intimidée par son mari pour intervenir et soutenir Stéphanie, et trop effrayée par l’insécurité économique pour franchir l’énorme pas de le quitter et de se sortir, elle et sa fille, de cette situation.

Une manière d’évacuer sa peur était de sur-réagir aux aspects de la personnalité de Stéphanie qui faisait ressortir sa propre peur.

Par exemple, Stéphanie aimait les couleurs vives, mais, dans l’esprit de sa mère cela rendait Stéphanie encore plus « visible ». Elle disait donc, trop violement, quelque chose comme : « c’est horrible sur toi » ou « pourquoi veut-tu mettre quelque chose d’aussi dur à porter ? ».

Ses raisons étaient peut-être d’encourager sa fille à se camoufler comme un mécanisme de défense pour éviter « le missile à tête chercheuse de son mari », mais le résultat fut que Stéphanie n’avait aucune foi en sa propre capacité à faire des choix. Comme chaque choix qui provenait de sa propre croyance interne lui apportait toute sorte de critique ou d’abus émotionnel, elle apprit à choisir contre ses propres croyances internes. Cela conduisait à ne jamais se sentir bien à propos de quoi que ce soit.

Devenu adulte, quand Stéphanie préférait quelque chose, elle s’en éloignait automatiquement. Elle se retrouvait finalement avec des amis, un travail ou du mobilier qui ne parlaient pas à son vrai « moi ».

Quand elle était enfant, les fils de la pensée de Stéphanie s’emmêlaient. A l’âge adulte, cette confusion l’entrainait dans des dilemmes perpétuels qu’elle résolvait en se calmant avec du sucre ou d’autres outils de compulsions.

Martin ne faisait jamais rien de bien aux yeux de son père. Sa mère, cible elle aussi, avait laissé tomber depuis longtemps. Martin ne la connut que comme une ombre silencieuse et passive qui traversait la maison et la cuisine.

Nous ne sommes pas surpris qu’un parent abusif soit la cause de la détresse d’un enfant. De même, il s’avère qu’un parent qui fait peur est aussi alarmant et laisse l’enfant sans aucune stratégie efficace pour vivre. Avec un parent critiquant et qui fait peur, un enfant est, psychiquement, livré à lui-même.



Protéger un ou ses deux parents

Un facteur éloigna Stéphanie des bénéfices d’une thérapie pendant des années : elle ne s’autorisait jamais, en aucune circonstance, quel qu’en soit le coût pour elle, à être en colère contre sa mère.

Entre un parent constamment en colère, dur, critiquant et méchant et un autre parent qui était dans la peur, passif, critiquant, mais aussi attentionné, elle alla vers celle qui exprimait de l’amour en prenant soin d’elle.

Nous pouvons considérer aussi que, à sa manière, la mère de Stéphanie était abusive. Éloïse était la meilleure option de Stéphanie dans un foyer qui allait de travers. Éloïse ne protégeait pas sa fille alors sa fille la protégeait. Stéphanie prenait soin d’elle, se centrait sur elle, lui offrait des cadeaux, et montait la garde pour elle. Devenue adulte, Stéphanie montra de l’affliction, non pas pour elle-même mais pour sa mère. Elle pleurait les larmes de sa mère.

Cet « effet protecteur » s’étendra sur le lieu du life coaching. A chaque fois que Stéphanie ressentait des sentiments qui étaient à la lisière de la colère envers sa mère, elle se défaussait, s’autosabotait, ou sabotait son coaching. Malgré sa prise de conscience croissante qu’était là son comportement d’autosabotage récurrent, elle continuait à ne pas laisser la colère sortir. Elle sacrifia des années de sa vie au nom de sa mère.



A quoi sont-ils dépendants ?



Avec la drogue, la nourriture ou le jeu, l’addiction est très visible. L’objet d’addiction est la substance ou l’activité (autant qu’à l’état induit par l’usage de la substance ou de l’activité). La pièce maîtresse de l’attention – alcool, sucre, machine à sous – apparaît comme l’icône du problème.

Dans le cas de l’addiction à l’autosabotage, le noyau est plus subtil. La pièce maîtresse de l’addiction à l’autosabotage est un système.

Les personnes addicts à l’autosabotage ont conçu un système par lequel elles survivent à la déception écrasante, à l’abandon dévastateur, aux montées de désespoir, aux fréquentes séparations, à la peur, à être incomprises et mal entendues.

Leur système a même été suffisamment puissant pour résister aux chuchotements séduisants de leurs propres esprits, qui leurs disent qu’elles feraient mieux de laisser tomber complètement.

Les addicts à l’autosabotage sont dépendants à ce système car il les a sauvés de la destruction. De nombreuses personnes addicts à l’autosabotage traversent la journée en dépit d’une grosse envie d’abandonner, un désir de s’endormir pour leur dernière nuit.

Heureusement, une force de vie continue de battre en elles. Ce sont des personnes courageuses, parce qu’elles continuent de marcher malgré le son de la musique du désespoir.

Les addicts à l’autosabotage sont en manque de l’état qui est créé par l’autosabotage – l’évitement.

Quand ils se tournent vers un outil d’addiction, qu’ils laissent leur auto-attention de côté, ou interrompent le flux de choses bonnes pour eux, ils se placent dans un état d’évitement. Ils baissent le niveau de leur écoute sur le monde. C'est l'équivalent d’être saoulé ou défoncé par le tourbillon des cerises dans la machine à sous.

C’est la raison pour laquelle les addicts à l’autosabotage sont souvent polydépendants, et pourquoi ils peuvent « accrocher » à une nouvelle dépendance très rapidement.

Quoi que ce soit qui puisse aider à l’évitement peut être ajouté au répertoire. Ils peuvent passer de l’ignorance d’une activité à son usage addictif en une nuit.

Vivre dans l’évitement perpétue l’autosabotage. Pendant qu’ils s’affairent à éviter les choses, ils ratent l’annonce importante ; ils n’agissent pas dans les temps ; ils ne voient pas les signes subtils de quelqu’un qui pourrait être un ami ; ils attendent trop longtemps pour faire une réservation, etc.

De cette façon, ils tombent dans un cercle vicieux autoalimenté sans cesse, familier aux autres types de personnes addicts : le sabotage amène à l’évitement qui amène au sabotage qui amène à l’évitement, un peu comme être ivre qui mène à la culpabilité qui pousse à boire et qui rend ivre.



Peut-on appeler ça une addiction ?



Je crois qu’un jour prochain, quand nous aurons identifié tous les synapses et les neurotransmetteurs impliqués dans les comportements addictifs comme le jeu ou les achats compulsifs, la cyberdépendance ou le travail compulsif, nous trouverons aussi le câblage mental particulier qui crée et soutient l’addiction à l’autosabotage.

Pendant ce temps, les mêmes critères qui valident les autres addictions s’appliquent ici :

- Fortes et irrésistibles envies du comportement, de la substance ou de l’activité,
- Usage continu en dépit de conséquences négatives prévisibles,
- Pertes sérieuses et croissantes dues à l’usage,
- Syndrome de sevrage à l’arrêt de la substance, du comportement ou de l’activité
- Suspension des signes de manque à la reprise du produit, du comportement ou de l’activité
- Répétition du manque à la répétition de l’arrêt de la substance ou de l’activité

La bonne nouvelle est que c’est le même système de rétablissement qui fonctionne pour les autres addictions qui fonctionne pour la dépendance à l’autosabotage. En fait, c’est la preuve que nous avons affaire ici à une addiction – les programmes de rétablissement qui fonctionnent avec les autres addictions fonctionnent aussi dans ce cas.



Comment définir l’abstinence dans la dépendance à l’autosabotage ?



C’est l’abstinence de comportements d’autosabotage et d’évitements.

Sortir de l’alcolodépendance est certainement difficile mais au moins, c’est clairement défini : arrêter de boire et participer à des groupes d’auto-support. (Les addictologues savent que ce n’est pas si facile, mais au moins l’abstinence est facile à décrire).

Le comportement fondateur de l’addiction à l’autosabotage est l’autosabotage. La personne addict à l’autosabotage est impuissante face à l’autosabotage. Ce dernier est donc, par suite, le cœur de l’abstinence.

Comme l'état recherché par le sabotage de soi est un évitement de l’anxiété, de la confusion, des sentiments difficiles à vivre ou des conflits qui semblent impossibles à résoudre, le « drogué à l’autosabotage » doit aussi être prudent quant à la séduction de l’évitement.

Le travail à effectuer pour en sortir doit inclure une vigilance soutenue de cette séduction inconsciente de l’évitement et assez de soutien pour que les problèmes qui provoquent un tel attrait de l’évitement soient rendus visibles et gérables.

Besoins spécifiques au rétablissement d’une addiction à l’autosabotage.

Les addicts à l’autosabotage sont accroc à un système qu'ils ont conçu eux-mêmes. Heureusement, le rétablissement est aussi un système – qui a marché pour des millions de personnes et qui peut remplacer l’ancien, détruisant ainsi celui que l’addict à l’autosabotage utilise.

Dans l’addiction à l’autosabotage, le chemin vers la guérison a plusieurs directions, chacune devant être suivies avec une diligence raisonnable. Omettez une seule d’entre-elles et la guérison est vouée à un échec presque total.

Avec les autres addictions la thérapie est très utile, mais ici elle n’est pas obligatoirement requise. De nombreuses personnes se sont sortis de leurs dépendances avec l’aide des groupes d’auto-support en 12 étapes sans l’utilisation d’une quelconque thérapie. Malheureusement, en France et à ma connaissance, il n’existe pas de groupe d’auto-support pour aider à de débarrasser d’une dépendance à l’autosabotage.

Cependant, la plupart des personnes addict à l’autosabotage ont besoin d’être en thérapie à moins que leur addiction soit « légère »ou encore récente. En fait, tant que la thérapie n’a pas crée une zone de sécurité, les personnes n’ont même pas la capacité à faire la démarche d’accéder à un groupe d’auto-support.

Le premier pas dans la construction d’une stratégie thérapeutique - en dehors des besoins habituels qui sont d’offrir de la sécurité émotionnelle, de fournir un cadre et d’avoir de la bienveillance et du respect vis-à-vis de la personne – est de faciliter un lien thérapeutique et d’attachement sécure et sain. En effet, une personne addict à l’autosabotage fonctionne dans une stratégie d’attachement non sécure.

En faisant cela, le praticien crée un refuge sûr et une base de confiance dans lesquels, à la longue, la personne deviendra suffisamment sécure pour explorer, revenir et recevoir le réconfort. Elle y reviendra alors pour se rassurer et ce, peut-être de très nombreuses fois.

En d’autres termes, c’est la relation aidant-aidé elle-même qui est un des outils le plus solide.
Cela peut-être pour la personne, sa première vraie et authentique relation saine.
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